Entre deux vies

La vie entre les vies se prépare maintenant...

La mort est la même vie qui continue : la plupart des gens retrouvent dans la mort leurs pires soucis, les pires événements qui ont fait leur vie. C’est l'une des raisons pour lesquelles continuer à vivre à un bas niveau de soi n’est pas la solution ; la mort devient ensuite un enfer. Si vous n’êtes pas arrivé à un niveau suffisant de maîtrise de vous-même, il vaudrait mieux que vous viviez éternellement sur terre, car ce qui suit votre mort sera le pire que vous ayez vécu ici… et ce pire durera longtemps !

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Auditrice : On était dans l’unité et on y retourne… Pourquoi doit-on parcourir ce long et douloureux chemin de retour vers notre point de départ, notre état originel ?

Tout est processus, ce n’est pas un retour à un état originel. Depuis que vous êtes sorti de l’unité, le monde a changé, l’univers tout entier a continué à évoluer ! Le retour en arrière, c’est la mort ; laissez les morts enterrer les morts. Ou plutôt : comme vous n’êtes pas en contact avec l’esprit de celui qui vient de mourir, il y a sans aucun doute un moment pour verser quelques larmes parce que vous avez le sentiment d’un arrachement ; mais ensuite, il est essentiel que votre recherche continue, afin d’apprendre à être réellement en contact avec l’esprit du défunt, c’est-à-dire en contact avec ce qu’il vit, et il n’a plus d’intérêt pour le monde matériel si ce n’est à travers sa souffrance, à travers ce à quoi il est resté attaché matériellement. Si le défunt avait l’habitude tous les matins de compter ses billets de banque, son esprit revient après sa mort auprès de ces billets de banque... mais il ne va pas les trouver, parce qu’il n’est plus de ce monde et il va errer dans ce que les religions appellent le purgatoire, à la recherche de quelque chose qui n’existe plus pour lui puisqu’il n’est plus dans le monde matériel. Le défunt va vivre tous ses attachements dans la souffrance de l’errance d’un esprit à la recherche de quelque chose qui n’existe plus. C’est pourquoi nous vous enseignons à ne pas vous attacher au monde matériel : après la mort, vos attachements vous mettent dans une situation extrêmement douloureuse.

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Quelle relation avoir avec le défunt ? Tu peux te relier à lui en pensant à lui, mais quelle pensée ? La seule pensée qui te rattache à lui est une pensée de nature supérieure qui soit comme un calmant pour lui, comme une nourriture pour lui. Mais si tu parles à un défunt de tes propres difficultés, de tes propres souffrances, de tes propres attachements, c’est pour lui comme des insultes : ce monde n’a plus d’intérêt pour lui et c’est un monde de souffrances que tu lui imposes encore si tu tournes autour de ces sujets-là. D’ailleurs, la plupart des défunts se détachent rapidement de cela, ils ne t’entendent plus lorsque tu leur parles de choses qui ne sont pas une nourriture pour leur âme.

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Auditeur : Vous parlez d’un défunt attaché à ses billets de banque. Peut-on l’aider à se libérer de cet attachement en chantant une stance, par exemple ?

Oui, s’il est capable, à travers les liens du sang ou de l’affection qu’il a eus avec vous, d’entendre ce qui est pour lui une source de nourriture, il va y venir, c’est-à-dire immédiatement lâcher un peu son besoin de retrouver ses billets de banque. Dès que vous arrêtez de chanter, il se remet à chercher ce qui pourrait combler les attachements qui existent en lui. Si vous êtes capable de rester suffisamment longtemps suffisamment éveillé en esprit tout en chantant une stance ou en lisant des textes sacrés, vous pouvez le libérer de tous ses attachements, mais votre état de présence devra durer le temps de la dissolution de ses attachements. Alors sa souffrance est soulagée ; son errance et son angoisse prennent fin.

C’est la raison des diverses formes de lecture aux défunts : il s’agit de les accompagner dans les mondes d’après la mort. Il y a une nécessité réelle à rester en contact pendant quelque temps avec le défunt, mais ce contact doit être sain ; vos pleurs et vos lamentations le maintiennent attaché à ce monde, mais en même temps, le défunt est tellement perdu dans le monde dans lequel il entre, et tellement affamé, tellement assoiffé, que toutes vos pensées spirituelles élevées lui sont un réconfort : elles étanchent sa soif, apaisent sa faim, lui donnent de la chaleur dans un monde trop froid ou le refroidissent dans un monde où il fait trop chaud…

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Après la mort, on se retrouve sans aucun doute face à ce qui est beau en soi, mais on se retrouve aussi face à ce qu’on n’a pas encore transformé : les attachements, les traits négatifs du caractère, les émotions négatives, etc. Après la mort, il ne reste même plus ça, il ne reste plus que la vie intérieure. La vie extérieure a disparu. Extérieurement, vous pouvez aller courir, dormir ou manger quand vous voulez oublier, mais dans la mort, on est tout le temps face à soi-même, d’où l’importance d’un travail sur le non-attachement et sur la maîtrise de soi. Celui qui entre dans la mort avec la perception de son orgueil (ou de sa peur, de son avidité...) ne se laisse pas avoir à ce jeu : il ne commence pas à courir dans le monde de l’esprit pour satisfaire son orgueil. Il le reconnaît, il le voit encore en lui, avec la part de souffrance que ce constat implique, mais il ne se laisse plus prendre au jeu parce qu’il a appris l’immobilité émotionnelle, donc il laisse passer les émotions. Celui qui a travaillé l’immobilité au cours de sa vie n’est plus perturbé et les processus se déroulent en lui à partir de son immobilité. Celui qui n’a pas appris suffisamment la maîtrise de soi est emporté. La vie après la mort est la continuation de la vie, le voyage continue ! Il y a dans le monde de l’esprit un chemin à poursuivre, mais ce chemin est aussi jalonné d’ornières. C’est l’ignorance et la non maîtrise qui vous précipitent dans ces ornières, qui vous condamnent à une sorte de récurrence ou à des incarnations peu enviables. Vous créez votre propre avenir ! Mais il est vrai que ces ornières peuvent également être évitées si vous avez de véritables amis, qui veillent sur vous... Choisir ses amis n’est pas vain, alors faites du bien aux petites âmes et fréquentez les grandes âmes, faites-en de véritables amis. La suite de votre évolution est différente selon les âmes auxquelles vous vous liez ! Les bouddhistes disent que les humains ont une vie précieuse ; elle est précieuse parce que les humains sont capables de choisir.

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Auditrice : Est-ce juste de penser que certaines expériences ne peuvent se faire que dans la vie terrestre et que ces expériences sont nécessaires à notre évolution ?

Oui.

Auditrice : Donc il n’y a pas d’accident…

Pas vraiment ! Depuis le premier jour où l’être humain a été en contact avec la vie terrestre, il a créé ce qu’on appelle un karma. Après quoi, il n’y a plus vraiment de hasard : il faut compenser ce qui vient d’être fait et continuer à évoluer.

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Auditeur : On meurt avec un certain karma et on le retrouve dans la vie d’après ?

Non, entre deux vies, il y a une métamorphose. Mais on retrouve quand même la suite de ce qu’on a semé. Sauf si on est tellement bien préparé, ou si un ami est là pour aider, que la suite se situe à un meilleur niveau, et pas simplement à un niveau de karma où la vie après la mort se déroulerait de façon plate, linéaire. Le travail de l’esprit consiste même à hisser le défunt à un meilleur niveau, pour qu’il ne reste pas dans cette perspective plate. Lors de la nouvelle incarnation, il se glissera à un meilleur niveau d’être et à un meilleur niveau de situation globale, qu’il pourra également appréhender de façon beaucoup plus juste. Mais dans la vie quotidienne, on peut vivre à différents niveaux déjà, un niveau bas ou un niveau plus élevé. Imaginez qu’une situation vraiment agréable vous arrive. Vous, vous pouvez ne penser qu’à une chose : profiter au maximum de la situation... et vous ne voyez pas quelqu’un à côté de vous avec qui vous pourriez partager, vous ne pensez pas qu’à côté de vous, il y a des personnes avec lesquelles il faudrait partager : vous vivez la situation agréable à un niveau plat. Si vous avez la pensée : “Ce dont je profite là, je peux en faire profiter un autre ou d’autres...”, vous passez à un niveau d’être et à un niveau d’acte et donc à un niveau de karma différent. Vous pouvez aussi vivre les situations négatives à différents niveaux. Vous pouvez simplement vous plaindre et vous révolter, vous laisser emporter ; vous vivez alors simplement de façon mécanique. Ou bien vous faites un travail de maîtrise émotionnelle et vous vous élevez à un niveau au-dessus. Ce sont les mêmes choix et les mêmes processus qui se présentent après la mort. Pendant quelque temps, des portes sont ouvertes et vous pouvez soit vous y glisser parce que vous vous êtes préparé, vous avez acquis une certaine qualité de présence, soit être emporté parce que vous ne maîtrisez rien, vous ne vous êtes pas suffisamment préparé... Lorsque vous avez acquis une qualité de présence, votre maîtrise est telle, dans la mort et dans les temps qui suivent la mort, que vous pouvez rester immobile malgré toute l’agitation qui vous entoure. Vous êtes là, totalement en vous-même et tout peut se passer autour de vous sans que rien ne bouge en vous. Alors, à un moment, tout se calme et des portes s’ouvrent... Plus vous êtes présent, plus vous savez exactement quelle porte choisir, vous connaissez exactement le pas suivant qu’il vous faut faire pour passer au niveau au-dessus, vous ne vous précipitez pas dans le premier courant d’air qui vient et qui vous emporte. Si, en plus, vous êtes accompagné par un véritable ami, il vous aidera encore, en vous retenant ou en vous poussant un peu pour que vous passiez plus facilement à un niveau supérieur. Mais il est vrai que si vous êtes déjà bien ancré en vous, si vous avez fait un réel travail de silence et d’immobilité, cet ami a peu à faire, simplement à vous soutenir dans cette certitude que vous allez faire le bon pas. Il faudra à celui qui n’a pas suffisamment travaillé une présence beaucoup plus forte pour l’aider. Ceci signifie que rien ne peut remplacer le travail d’immobilité et de silence et qu’il existe un niveau de maîtrise auquel il faut arriver obligatoirement. Parce que la pire des situations est encore autre : vous êtes engagé sur un chemin spirituel, mais sur celui-ci, dans cette vie, vous n’avez acquis aucune maîtrise. Dans la mort et au-delà, un esprit qui vous veut du bien peut être là debout devant vous et vous ne le reconnaissez même pas. Vous êtes tellement agité, tellement dans l’angoisse de ce que vous êtes en train de vivre, dans l’agitation de tout ce qui bouge autour de vous, que vous ne comprenez rien, vous ne voyez rien. Ces choses arrivent, c’est pourquoi il faut vraiment, à un moment sur le chemin spirituel, arriver à un minimum de maîtrise, un minimum d’immobilité et de silence.

Adjita Djeemash
pour " Science de la Conscience " N° 24

Comment créer des liens sans y mêler les traits négatifs du caractère ?
Un article de Selim Aïssel